Face au dérèglement géopolitique auquel l’électeur lambda peut assister, certaines questions s'imposent dans la mesure où le temps est venu d'axer la campagne présidentielle (2017) sur les enjeux internationaux et les enjeux de guerre et de paix.
1 – L'OTAN veut rejouer la guerre froide - Derrière cette question - Va-t-on se coltiner ici, en Europe, les conséquences d’une nouvelle guerre froide ? – s’en profilent beaucoup d’autres, notamment au sujet d’Alzheimer, c’est-à-dire les leçons qui ont malencontreusement échappé à certains, suite à l'effondrement du Mur de Berlin il y a un quart de siècle. Cherchons l’erreur !
Humilier la Russie (ex-URSS-CEI) sous prétexte qu’elle avait officiellement 'perdu' la guerre froide, n’était pas la meilleure stratégie à adopter pour assurer l’avenir des relations pan-européennes, la relance d’une institution comme OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) en hibernation prolongée, la mutation du partenariat transatlantique symbolisé par des parapluies nucléaires aussi fiables que Trump, bref, troués et perméables.
Dans ce décor, avec en arrière-fond un cloisonnement ‘comme au bon vieux temps du Mur de Berlin', il est sain et digne du principe de précaution de désigner les coupables, ceux ont préféré réarmer, se blinder, élargir les prétentions de l'Organisation du Traité l’Atlantique Nord (OTAN) afin que celle-ci se charge de tout sauf de …l’Atlantique Nord ! Parmi leurs complices,
ceux qui ont opté pour s’aligner encore davantage sur l’OTAN au moment où il fallait s’en distancier et assumer les conséquences de son obsolescence. Comme le disait M. Gabriel Robin, représentant permanent de la France auprès de l’OTAN et du Conseil de l’Atlantique nord de 1987 à 1993, qu'on ne peut soupçonner de frayer avec le gauchisme : "L’OTAN pollue le paysage international dans toutes les dimensions. Elle complique la construction de l’Europe. Elle complique les rapports avec l’OSCE (mais ce n’est pas le plus important). Elle complique les rapports avec la Russie, ce qui n’est pas négligeable. Elle complique même le fonctionnement du système international (...). Par conséquent, je ne vois pas très bien ce qu’un pays comme la France peut espérer de l’OTAN, une organisation inutile et nuisible, sinon qu’elle disparaisse" (cité par Régis Debray dans sa réponse à Hubert Védrine). Un candidat à l'élection présidentielle se doit d'intégrer que dans l'histoire, les alliances ne survivent généralement pas aux causes qui les ont fait naître.
2- Une Europe post-OTAN - Certes, il ne sera pas facile d’inventer mieux car primo, le combat contre les euromissiles des années 80 a été torpillé par le représentant d’une gauche qui, avec sa célèbre formule ‘les missiles sont à l’Est’ (dixit Mitterrand), trichait avec les réalités géopolitiques du moment ; secundo, le seul projet unifiant semble bien être « une Europe de la guerre » (dixit Mélenchon). Ainsi, à défaut de concurrencer l'ambition de grandes puissances, une vision européiste se gribouille, avec 27 petits soldats prêts à récupérer dans son giron militariste les neutres ou neutralistes tels le Suédois et le Finlandais. L'une des recettes pour plomber les efforts de bâtir des ponts et des passerelles entre les peuples qui bordent la Méditerranée…et noyer les espoirs de ceux qui, de l'autre rive, aspirent à un avenir pacifié. Toutefois, jamais les Européens n'ont été aussi mûrs pour s'émanciper de la tutelle américaine, et s'affirmer en disant : « Chiche ! Nous sommes capables d'assurer notre sécurité (en fonction de notre perception des menaces et des risques et en fonction de notre évaluation de ce qui mérite d'être défendu) et faire en sorte que l'Empire US en bout de course ou d'autres puissances émergentes ne la compromettent pas". Compter (davantage) sur nos propres forces est une formule qui a fait son chemin, depuis Bandoeng et la Tricontinentale, comme par exemple en Amérique latine, où l'on se méfie des bases et antennes américaines comme du virus Ebola et où l'on veille à leur délocalisation. Tout reste à faire ici car, après avoir engendré deux guerres mondiales, mis à feu et à sang une partie du tiers monde dans le cadre des décolonisations, l'Europe, UE ou pas UE, a encore beaucoup à apprendre avant de sermonner la majorité du monde, avant de se faire le champion d'une autre sécurité ; il suffit pour s'en convaincre d'observer l'occupation turque d'une partie de Chypre depuis 1974, les confettis de l'empire espagnol, avec Ceuta et Melilla, ceux de l’empire britannique à Gibraltar, de l'empire français dans l'Océan Indien et en Polynésie, sans oublier blessures et déchirures dans l'ex-Yougoslavie...
3 – Stratégie militaro-industrielle - Des hommes et des femmes sont mobilisés pour concevoir, fabriquer et commercialiser des armements qui nous assurent le haut de l’affiche dans la course aux exportations d’armes, de Varsovie à Canberra (ou Adelaïde) en passant par Le Caire. En valorisant ce secteur de pointe, n'est-on pas en train de scénariser et bricoler des querelles fâcheuses pour rentabiliser notre production, écouler nos surplus, développer des armes encore plus sophistiquées pour contrer celles que nous avons mise en circulation, et ainsi valider durablement la militarisation de nos économies ? Tout en se fabriquant de nouveaux ennemis ? N'y aurait-il pas moyen de procéder par référendum pour savoir si oui ou non le peuple est d'accord pour financer une nouvelle génération d'avions de combat, comme le font nos voisins Suisses ?
4 - Le terrorisme face à la démocratie – Lorsque le spectre du terrorisme sert de prétexte pour encaserner nos esprits et/ou terroriser les marginaux ou les rebelles non-encartés, il est opportun de dénoncer les amalgames, réévaluer les menaces que représentent quelques têtes brûlées et bras cassés qui vont faire du Djihad à Raqqa. Il y a sûrement des outils adéquats et des instances compétentes pour mieux démocratiser la défense, et par ricochet sécuriser la démocratie, en menant une politique pour la jeunesse….et (surtout) avec les jeunes, et en leur accordant les droits sociaux et politiques qui vont avec.
5 - Les fauteurs de troubles et l'impunité - Alors qu'un cinquième du dérèglement climatique incombe aux effets des activités militaires, - en incluant dans le calcul l’empreinte carbone des entreprises du complexe militaro-industriel – il est certes regrettable que les militants (écolos ou pas écolos) zappent cette catégorie de pollueurs avec la même indifférence que les adorateurs du Protocole de Kyoto. Et les autres ? Avis au candidat qui n'est pas militaro-sceptique : y a matière à lister, dénoncer et mettre hors d’état de nuire ceux qui échafaudent des interventions humanitaires et demain des ingérences écologiques, ou des conflits de faible intensité sur des territoires peuplés d'Africains qui 'ne sont pas encore entrés dans l'histoire' (dixit Sarkozy) ; des conflits dont l’un des leitmotiv se rapporte à la quête de matières premières, ces matières si précieuses pour surveiller des déplacements, fabriquer du matériel destructeur de pointe et cibler méticuleusement des ennemis dans le cadre d'opérations dites 'chirurgicales'.
4 – Pour une décroissance nucléaire – En ce qui concerne les Français, la croyance dans l’’assurance-vie’ que représenterait notre 'force de frappe' est encore tenace, bien que l'Etat (avec 300 têtes nucléaires au maximum) fasse partie des petits joueurs parmi les nantis du nucléaire. En attendant, en attendant la tolérance zéro pour détournement de fonds, il vaudrait mieux éviter de se focaliser sur le fait de savoir s’il est judicieux ou non de consacrer 2 % du PIB pour lancer à l’eau (à Toulon, Cherbourg ou Brest) de nouveaux SNA (Sous-marins Nucléaires d'Attaque à propulsion nucléaire pour ceux qui sont allergiques aux sigles) ou de nouveaux SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d'Engins). En espérant au passage que tout présidentiable qui fantasme sur l'accès au "bouton suprême" dans la salle Jupiter à l'Elysée soit en mesure de connaître leur nombre respectif et leur localisation, ce qui ne fut pas le cas dans la course à l’Elysée en 2007. Enfin, Albert Einstein se retournerait dans sa bombe euh...sa tombe à l'idée que nous pourrions nous débarrasser d'une conception du monde qui nous plombe en décrétant le "sortir du nucléaire" (civil-sans-toucher-au-militaire alors que l'un ne marche pas sans l'autre), comme s'il suffisait de fermer la porte, tourner les talons, tourner la page, et dire "adieu".
5 – Le Désarmement n’est pas un long fleuve tranquille - Entrevoir la sécurité d’une nation via le désarmement exige une révision des priorités d’engagement de nos forces qui n’a rien à voir avec ‘baisser les bras’ ; c’est d’abord exposer et expliquer en quoi le désarmement (et pas uniquement son volet nucléaire) est un processus de transformation sociale ; c’est associer des équipes et leur savoir-faire à des entreprises de démantèlement qui représentent, au même titre que le secteur des énergies renouvelables, de la dépollution avec l'assainissement des bases militaires, ou encore le retrait des stocks de munitions chimiques (dans l'Adriatique et la Baltique par exemple)...les chantiers du futur. Dégager une ligne budgétaire pour mettre sur pied une Agence française du Désarmement (p.s.: en taxant les producteurs de certains systèmes d'armes, comme le préconise l'ancien patron du FMI, Michel Camdessus), rattachée à la fois au ministère de la Défense et celui de l'Environnement, n’est pas plus ridicule ou extravagant que d‘investir dans des cliniques et des hôpitaux pour mener une politique de santé. Les études et propositions émanant de cette Agence pourraient être accessibles à tous et à toutes. Afin entre autre, de tirer les enseignements des 17 nations qui, après avoir opté en faveur de l’aventure nucléaire militaire…, ont pris la décision d’y renoncer, de gré ou de force, pour des raisons de politique intérieure ou extérieure ; des 26 Etats qui ont constitué au fil des années des brigades spéciales chargées de préserver l'environnement de leur territoire avec tolérance zéro à l'égard des criminels de notre environnement ; des X Etats dans le monde (y compris en Europe comme l'Autriche) dans lesquels l’interdiction de bases militaires étrangères est inscrite dans la Constitution. Cette Agence pourrait aussi se charger de présenter chaque année un rapport sur l’impact environnemental des conflits armés, histoire d'honorer une promesse de gascon du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE).
6 – L'enseignement de la paix – En admettant que la paix ait quelque résonance pour rafler la mise sur le plan électoral, une politique plus pacifiste pourrait être l’occasion de revoir quelques programmes scolaires autour de la citoyenneté ete le civisme. A ce propos, rappelons qu’un fonds (de x centaines de milliers d’euros) dédié à l’apprentissage du pacifisme au bénéfice des instits, profs et élèves de la République avait été confié à l’Etat il y a …90 ans, suite à l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Ferdinand Buisson, un artisan de l’école laïque.
Pleurer la fin du service militaire et la décision très otanesque de Jacques Chirac en faveur de la professionnalisation est sympathique ; mais refuser cette dérive d’ubérisation des forces armées, qui exclut les civils pour mieux acclimater l’armée de terre aux techniques de combat en zones urbaines tout en la familiarisant aux 'classes dangereuses' (…), requiert une réflexion sur des alternatives, y compris un service à la Terre ; en 2017, on doit pouvoir se défaire de certains matériels 'vintage', dont par exemple le char Leclerc qui n’a jamais dissuadé le moindre terroriste d’El Qaïda. Cela relève d’une certaine logique : on ne fait pas du ‘bio’ avec des moissonneuses-batteuses guidées au laser. A contrario, on ne combat pas la cybercriminalité à l’aide de la sirène du premier mercredi du mois.