Stratèges atterrés

Electeurs, attention aux chiffres et promesses !

 

BUREAUde VOTELes chiffres des dépenses militaires nous illusionnent autant que les sondages d'opinion. Le coût réel du porte-avions à propulsion nucléaire (PAN) Charles de Gaulle fut le double de ce qui était annoncé. Et s'il faut se méfier des chiffres, il faut aussi se méfier des promesses électorales surtout de la part de ceux qui disent par exemple "J'entends maintenir à son niveau actuel l'effort de défense". On peut s'efforcer de rationaliser nos exportations avec le maintien de commissions pour mieux écouler des frégates. On peut aussi s'efforcer de maintenir la professionnalisation qui gruge le budget avec la masse salariale. (Ca coûte tellement cher que même Pierre Messmer n'en voulait pas !). Dans l'optique de conserver tous les gadgets de la DGA (Délégation Générale à l'Armement)  ou d'EADS (bientôt Airbus), on peut poursuivre le recrutement de mercenaires parmi les taulards – ce qui se fait déjà – en vue de faire quelques économies. Si économiser est le maître-mot, poursuivons les privatisations et, en attendant de privatiser l'armée, ne nous plaignons pas que la surveillance de nos installations militaires soit confiée à des boîtes privées qui embauchent des vigiles-barbouzes payés au lance-pierres. Faire des dégâts au moindre coût peut nous entraîner dans de drôles de logiques ; après tout, les munitions à uranium appauvri ne coûtent pas cher puisqu'elles proviennent des déchets de nos centrales !
Vanter haut et fort la "Réduction du budget militaire de la France" est séduisant. Bien sûr. Mais est-ce en harmonie avec des exigences de sécurité ?

Cela permet de réduire les carnets de commande ou plutôt de s'assurer que la DCNS par exemple survive grâce aux commandes passées par les marine thaïlandaise et pakistanaise, plutôt que par ceux de la Royale. L'option européenne est le joker invoqué pour baisser les prix. Ainsi veut-on nous faire croire que le transfert progressif des forces et équipements de l'armée française vers une armée européenne va alléger notre fardeau, un peu à l'image de ces Airbus qu'on assemblerait à plusieurs ou ces porte-avions qu'on mettrait à l'eau des deux côtés de la Manche. Une façon surréaliste de faire croire que la délocalisation est un atout. Les Belges se sont fait prendre à ce petit jeu multinational et découvrent à leurs dépens qu'ils doivent désormais augmenter leur budget pour assurer les missions (UE/OTAN) en Afghanistan. Enfin, si délocaliser est vraiment la recette-miracle, nos stratèges devraient vanter le désamiantage en Inde, (çà coûte 45 millions d'euros pour le Clem), une occasion d'en casser définitivement le savoir-faire brestois !

Tout n'est pas si simple

sous marAu-delà de tous les slogans, le désarmement coûte cher. Même si les opérations extérieures (OPEX) sont comptabilisées dans le budget des Affaires extérieures. Même si l'on tente de faire figurer l'indemnisation des victimes de La Hague, Moruroa, Ile Longue et Reggane , dans le budget de la Santé. Le nombre d'avions de chasse à démanteler, (amiante comprise) est plus important que le nombre d'avions opérationnels. Le nombre de sous-marins nucléaires à quai est plus important que celui en patrouille. Si l'on se réfère aux 6 SNA à Toulon, (à ne pas confondre avec des SNLE), c'est dommage qu'on ne pense pas à évaluer le prix de leur retrait du service, les manipulations pour refroidir le coeur des réacteurs, le démantèlement etc.
Dire dans la même verve électoraliste et toujours pour faire des économies qu'on veut la fermeture des bases militaires françaises d'Afrique, c'est gentil, mais enfin, on ne ferme pas une base militaire comme on ferme la porte de son garage. Ca se nettoie sérieusement avant de remettre les clefs au propriétaire, même si tous les sites ne ressemblent pas à Bikini. A Valduc, y a du boulot ! Pour les armes chimiques dont la destruction (prévue par la convention entrée en vigueur en 1997), ce n'est pas gratuit : 120 millions pour le projet SECOIA.
Quand on veut disposer d'une mine (AP), l'arme coûte 2 dollars à l'unité. Pour s'en débarrasser, le coût grimpe à 10.000 dollars l'unité. Sans compter la dépollution des sols, ces sols où les mines ont été testées, re-testées, oubliées, dispersées. La destruction des stocks coûte tellement cher que la France n'a pas encore éliminé le sien (à Djibouti). Sans parler du projet SECOIA.

 B C. - (2008)