La France est présente sur treize territoires ultra-marins disséminés à travers le monde. Nous avons le plus grand nombre de fuseaux horaires (dix). Nous détenons le 2ème domaine maritime mondial du monde.Le drapeau français flotte sur les océans Atlantique, Pacifique et Indien.
Qui dit mieux ?
A la lecture du ‘FactBook de la CIA’ qui dresse le catalogue de toutes les disputes territoriales, la page consacrée à la France (mise à jour en janvier 2017) nous apprend que nous sommes l’un des pays qui se coltine le plus de litiges et notre présence aux 4 coins du globe est loin de faire l’unanimité.
Ces territoires qu’on surnomme parfois les Dom-Tom sont source de gros malentendus géopolitiques. Entre le Surinam et la Guyane française, la météo politique n’est pas au beau fixe. Parmi les îlots inhabités dans le Pacifique Nord, Clipperton, encore surnommée ‘Ile de la Passion’ envenime nos relations diplomatiques avec le Mexique qui la réclame. Mais retirons Dom-Tom de notre vocabulaire, c’est has been. Il faut parler des DROM (département et région d’outre mer) et des COM (Collectivités d’outre-mer) et ne pas les confondre. Sans négliger un POM, acronyme pour Pays d’Outre-Mer au sein de la République, comme la Nouvelle-Calédonie, un cas à part qui détient 10% des réserves mondiales de nickel. Revenons aux DROM. Le 5ème, c’est Mayotte, et sa francisation (en tant que 101ème département) enrage les Comores. Mais la France n’a pas l’intention de se faire déloger depuis qu’elle a installé il y a moins de 20 ans une station d’écoute de la DGSE qu’elle partage, Union Européenne oblige, avec le service secret allemand BND, le Bundesnachichtendienst.
Parmi les COM figure la Polynésie, cet ex-laboratoire où nous avons pu tester ‘pour de vrai’ nos munitions nucléaires, ce qu’on ne pouvait tout de même pas entreprendre dans notre jardin, en métropole. Cet espace, dédommagé au lance-pierres, nous préoccupe depuis que les dirigeants à Papeete l’ont fait figurer au Comité de décolonisation de l’ONU ; au même titre que les Malouines, Gibraltar, Porto Rico ou le Sahara Occidental ! Avec le risque de voir les richesses inexploitées qui l’entoure nous échapper !
Dans l’Océan Indien, notre présence ne fait pas que des heureux. De Mayotte à La Réunion en passant par les îles Saint-Paul et Amsterdam. Les habitants de l’île Maurice, floués par les Britanniques avec la base américaine de Diego Garcia veulent récupérer le km2 de l’île de Tromelin. Mais Paris ne se laisse pas intimider et maintient sa station météo qui, depuis 2015, fonctionne sans météorologues. Madagascar nous cherche des poux depuis longtemps, rappelle les résolutions de l’ONU de 1979, et vient encore de réclamer le retour des îles Glorieuses, Juan de Nova, Europe et Bassas da India, situées dans le canal de Mozambique. Paris peut-il résister ? Si le projet de Trigano d’y installer un Club Med a foiré, il n’est pas prévu de convertir ces îlots en porte-avions incoulables, ou d’en faire des camps de rétention comme le fait l’Australie pour parquer ses boat-peoples. D'où la défense locale avec le maintien de patrouilles qui bénéficient désormais de deux hors-bords et qui sont chargés de dissuader tout intrus.
Plus au Sud, il y a les Terres Australes et Antarctiques Françaises, les TAAF, administrées depuis La Réunion. Pas question de les brader ou de les mettre sur Le Bon Coin. Aux Kerguelen, le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) s’est implanté pour suivre des satellites, leur lancement et leur trajectoire. Quant à la Terre Adélie, elle est squattée par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) via une station de surveillance des essais nucléaires. Mais la station est dans une situation précaire, car les Etats-Unis ne reconnaissent pas la zone de revendication française sur les 400 000 km² dans l’immensité de l’Antarctique. Alors que faire ? Confier ces sites au patrimoine de l’UNESCO ?
Aucun candidat à la présidentielle n’a décidé d’aller prendre un bain de foule à Saint-Pierre et Miquelon au large de Terre Neuve, comme l’a fait Fr. Hollande en décembre 2014. Mais tous s’intéressent aux 2,7 millions d’habitants qui peuplent ces collectivités territoriales et nul n’est disposé à sacrifier ces îlots du bout du monde. Normal ! Celui ou celle qui postule au trône présidentiel rejette l’idée d’une France qui braderait son outre-mer. Au diable une République au rabais ! Un atout stratégique vaut bien une mauvaise réputation, non ?