Écoute petit homme, tu ne le savais pas ?
Écoute donc les flots qui s'écrasent sur les plages
Et sache que ce mouvement que la Lune influence
Précède tous les autres à sa propre cadence.
Même le vol du faucon dans le désert de sable,
Même le chant du coq qui rythme ton village,
Même le cri d'la hyène et les lois de la jungle
Même la science des sages qui lisent dans les étoiles ....
Que l'aventure humaine était dans le pourquoi...
Dis-moi, petit bonhomme, tu ne le savais pas ?
Fragile vaisseau spatial et p'têtre mêm' éphémère
Tandis que « çà » tourne bien, on va encore penser
Que le cycle de la vie c'est comme un CDD !
Que le Soleil se lasse et qu'il va se coucher.
Le chaos nous dépasse et surtout nous devance
L'univers s'impose, sans limite, sans vacances.
L'hirondelle attend-elle que l'hiver soit passé ?
Au lieu de prendre tes aises, prends donc de la hauteur :
Le Kilimandjaro est là, le continent s'incline
Il paraît - ô rumeurs ! que tout est en sursis
Que la couverture blanche dont les cimes sont drapées,
Sont , C02 aidant, des neiges fatiguées. +-
Le blanc pur fait défaut, va pas s'éterniser.
Écoute petit homme et s'te plaît, n'oublie pas :
C'est ici que les hommes ont fait leurs premiers pas
Bien avant Cro-Magnon et les grottes comme Lascaux
Avant même Ile de Pâques
Regarde Pompéi, songe à d'autres vestiges
'Lucie' à Omo River, le désert de Gobi
Babylone est trop loin, et aussi l'Atlantide
Et le jour n'est pas loin quand l'Aral sera sèche
Le Gulf Stream à l'arrêt, l'ours polaire au musée.
Oh que de zooms arrière qui donnent le vertige !
C'est vrai qu'on peut mourir comme une fleur des bois
Mais au moins faut apprendre les langues de la nature !
Si tu écoutes nos frères qui ont quelques mérites
A épouser des terres et trouver l'harmonie,
Bushmen , Inuit, Lapons, Eventes, Saamis, Dogons
Z'ont tous capté les codes et trouvé leurs repères
Comme le papillon qui jamais ne se perd.
Avant d'être soumise aux caprices des fêtards
La Terre n'était pas vierge, mais pas défigurée.
La terre était fertile avant qu'ils la retournent ;
Le sol était magique et il crachait du feu.
Si le sol demain ne s'ra qu'un cimetière
C'est qu'on y pompe de tout, toutes les matières premières.
Tu comprends petit homme : il nous faut des voitures
Pour parcourir demain nos marches de noctambules.
Quand le monde suffoquera de toutes ces puanteurs
Quand le ciel sera gris, les nuages immobiles
La Fontaine reviendra avec masque et sans plume :
Le lièvre et la tortue seront réconciliés !
Regard'donc ces tankers qui sillonnent le globe
Pour nourrir sagement des machines insensées.
Que ne fait-on donc pas pour éclairer nos villes ?
Éclairer davantage et surtout l'inutile
Interdire la nuit noire et polluer nos rêves...
Écoute, petit homme...
Écoute le clocher de cette petite église
Regarde la pyramide qui se dresse, prétentieuse
Et assiste en témoin au désert qui avance.
C'est vrai que le soleil ne s'éclipsera pas ?
Les mammouths ne sont plus, suite à une glaciation
N'écoute pas les sirènes, les petits blancs qui crient
C'était au Cameroun, ou au nord de Brazza
Tu te rappelles ces sons dans cette forêt primaire
Que les Pygmées, eux seuls, auraient voulu sauver ?
Non, c'est pas une moto, mais le vacarme d'une scie .
Qui peut bien se cacher derrière un bulldozer ?
L'arbre tordu de peine, à bout de forces, s'écroule
Il rejoindra demain le port de Pointe Noire
Et nul ne va proscrire tous ces détournements.
Le 'poumon de l'Afrique' est converti en planches
Pour meubler le confort de nos p'tits pavillons,
Pour remplir nos bureaux de ces feuilles de carton !
Sur la scène du monde, le spectacle est trop flou :
Les acteurs ne jouent plus, le rideau va tomber ...
Et si tu cherches encore pourquoi le monde est monde ?
Dans les pleurs de l'enfant, tu auras la réponse
Dans les pleurs de celui qui ne sait qui blâmer.
Cet enfant attentif qui survole toutes les pages
D'un livre qui se lirait dans une langue inconnue.
Il accorde son sourire au clochard de passage.
Sa maman cherche un puits et son père un abri.
Écoute petit homme, et ne perds pas la tête :
Le monde n'est pas un show qu'il te faut décorer....
Ne me dis donc jamais que tu ne savais pas ...
Pourquoi y a tant de larmes et tellement de dégâts.
Mets le masque s'il le faut et prends ton GPS,
Je te donne l'ambiance mais ne peux pas chiffrer
Et puis de toute façon, qu'est c'que tu veux compter ?
Les asiles ou les zoos, prisonniers, prisonnières ?
Les avions dans le ciel, parmi tes cerfs-volants ?
Les drapeaux de l'ONU, les déchets nucléaires ?
Les hôtels sur la côte ? Les tonnes de béton ?
Va, ne t'attarde pas, ne joue pas au touriste :
L'amour est incertain mais il est bien partout :
Écoute le cerf qui brame pour séduire sa femelle.
Écoute l'harmonica du berger allongé
Qui croit que sa brebis ne peut l'abandonner.
Ce n'est pas la maison, c'est la planète qui brûle,
Les charniers prolifèrent, les paradis sont rares.
Regarde ceux-là là-bas, qui n'ont pour seule fétiche
Qu'un flingue en bandouillière, des cartouches plein les poches
Des cadavres dans la tête et même sous l'oreiller
Je les sens égarés, loin de toute Terre Promise
Ils jouent à se faire peur, bricoleurs de fortune,
Regarde bien la haine qui sue de leurs visages
Et le gilet pare-balles qui masque leur phobie.
Observe leurs missiles et leurs chars flambant neufs
Carcasses dérisoires dans un délire de feu.
Écoute donc ces mines qui explosent en tous lieux.
Pourquoi la mort qui rôde attire donc tant de gens ?
La planète, la tienne, est un si grand chantier
Que même les livres d'histoire ne pourront abréger.
Le ciel se décompose, ou les vagues se déchaînent,
Les continents dérivent ; et ces acteurs discrets
N'ont pas de '35 heures' comme règle ou agenda.
Laisse donc le sommeil à ceux qui dorment déjà
A ceux qui sont mort-nés de n'avoir pas veillé
Veillé sur une planète, qui n'est plus protégée....
Qui brandit 'S.O.S '. et se sait en danger....
B.C.
pour Strass Production