En 1992, le GRIP faisait paraître ‘Les Conflits Verts – La dégradation de l’environnement, source de tensions majeures’.
Bien qu’il n’ait aucune prétention particulière, ce livre va marquer les esprits et influencer tous ceux et celles qui se rendent compte alors de l’utilité de se mobiliser en faveur d’une certaine écologie, bien avant que ne se développe un verdissement de la peace research, avant même que la notion de sécurité environnementale ait reçu ses lettres de noblesse, avant que le PNUD ne fasse apparaître le concept de sécurité humaine dans son rapport sur le Développement Humain ; dix ans avant que ne soit prononcée la fameuse phrase de Jacques Chirac ‘La maison brûle et nous regardons ailleurs’ ; une image qui lui a été soufflée par Nicolas Hulot et/ou Jean-Paul Deléage pour le sommet du Développement Durable à Johannesburg.
La notion de conflits verts
‘Le répertoire de la haine semble illimité. Et en cette fin du 20ème siècle vient s’ajouter un problème nouveau, celui de l’environnement’. La notion de conflit vert couvre en fait toutes ces situations explosives qui peuvent aller de l'émeute locale jusqu'au conflit international en passant par l'insurrection ou la guerre civile et qui ont comme particularité d'être directement liées à la rareté des ressources et à l'environnement malmené. Certes, les seuls problèmes écologiques ne mettent pas nécessairement le feu aux poudres ; ils viennent plutôt s'ajouter à d'autres étincelles, d'ordre politique, social, national, ethnique, religieux... Mais à mesure que la santé de notre planète se détériore, le rôle joué par l’’étincelle verte’ s'avère de plus en plus déterminant.
Cette mondialisation accélère l'évolution de nombreux conflits en reliant toutes les causes possibles de guerres aux chaudières environnementales, sociales, religieuses et ethniques. Ce qui pouvait se dissocier auparavant, avec le temps et la dispersion, problèmes écologiques, conflits, parfois anciens, ethniques ou/et religieux, rivalités politiques, calculs tactiques ou stratégiques de puissances régionales, appétits financiers et économiques locaux, nationaux ou internationaux, inégalités socio-économiques se conjugue pour donner des situations explosives qui se traduisent de plus en plus souvent par des conflits à expression souvent armée. Ce sont ces situations-là qui dessinent les contours des "conflits verts".
Jacques Decornoy écrit dans le Monde Diplomatique : ‘L’ouvrage du GRIP ‘enrichit la notion de sécurité internationale et représente un guide pour l’action’. Selon le mensuel parisien ‘Alternatives Economiques’ : ‘C’est à un tour d’horizon impressionnant que nous invitent les auteurs de cet excellent dossier, à la tonalité pourtant bien pessimiste : "Les défenseurs de l’environnement ne sont-ils pas comme les passagers les plus courageux d’un Titanic qui se saisissent des cuillères à café et, devant la montée des flots, commencent à vider, vider, vider... ? Même s’il y a un point d’interrogation, l’accumulation de faits et de problèmes est telle qu’on ressort de cette lecture - sur papier recyclé - le moral ébranlé. Comme la planète ?"
25 ans plus tard
Le GRIP peut s’honorer de disposer depuis 2015 d’un nouvel espace de recherche sur les relations entre environnement, changement climatique et sécurité internationale.
Pour réfléchir sur les façons de réduire l’empreinte écologique des activités militaires, une question qui fait ‘carburer’ le Pentagone, premier consommateur d’énergies fossiles aux États-Unis. Pour réfléchir aux conditions d’une conversion stratégique à l’instar de la transition énergétique, et à un système de défense de plus faible empreinte écologique.
Ben C.