Les autoroutes de l’Internet sont-elles pavées de bonnes intentions ? A force de cliquer sur son Iphone, pianoter un like sur Facebook, downloader des films sur ses écrans, balancer des images sur les réseaux sociaux, ou recourir tout simplement à un moteur de recherche pour voir ce qui se trame pour la grande messe au Bourget en décembre, le commun des mortels et internautes est en train de contribuer au dérèglement climatique. Pire : il fait partie et à son insu des ennemis de ceux et celles qui s’évertuent à faire de la COP21 une success story. Google, qui se présente comme la technologie au service des grandes causes et qui assure 2 milliards de recherche pas minute, s’en frotte les mains.
Le calcul des bits n’est pas du ressort de tous, certes, mais en matière de pollution atmosphérique, le secteur Internet mérite un carton rouge. Les accusés ? La Bande des Quatre , les principaux artisans du Big Data. Ils sont bien identifiés. Ce sont les GAFA, acronymes de Google, (You Tube compris), Apple, Face Book et Amazone. Quatre géants – avec un chiffre d’affaires proche de celui du PIB de la Norvège – qui dominent le marché. Quatre fleurons de la toile, et made in the USA . Leurs accointances avec la NSA – que Julian Assange a bien captés – ont de quoi nous les rendre suspects. Mais en nous offrant 90% des services de l’Internet, leur consommation numérique (qui est aussi la nôtre) fait exploser notre fragile planète sur le plan énergétique.
Lorsque l’ONG ‘Carbone Disclosure Project’ incite les entreprises à communiquer leurs émissions de C02, Facebook fait partie de celles qui font la sourde oreille. Google essaie de faire mieux : depuis 2013, elle fournit des chiffres et le travail d’enquête des militants de Greenpeace sur les data centres ou usines numériques y est sûrement pour quelque chose. Les premières usines ont investi l’Oregon et carburent grâce aux centrales thermiques au charbon. Bientôt, celles d’Apple vont se délocaliser en Irlande et au Danemark, en espérant que l’air frais va éviter la surchauffe des lieux. Quant au centre de données de Microsoft, il va bénéficier d’une ferme éolienne de 175 MW qu’EDF Energies Nouvelles va lui vendre. Bref, avec ou sans greenwashing, ces usines de traitement de données prolifèrent un peu partout. On en dénombre 35 dans la région Ile-de-France. L’important consiste primo à faire marcher ces machines à plein régime de jour comme de nuit, quitte à en rajouter car la redondance doit palier aux pannes éventuelles, puis secundo à les refroidir (40% de la facture), sans jamais débrancher les systèmes de surveillance et de sécurité. Voilà pourquoi le pays virtuel qu’est Internet se place au 6ème rang des pays les plus énergivores du monde, si l’on en croit un récent rapport de Greenpeace. Vu le rythme de croissance de tous des accros à la toile, la moitié de l’électricité mondiale servira à l’informatique d’ici 2030. Espérons qu’il en restera un peu pour s’éclairer.
L’empreinte carbone
Selon les chercheurs du Centre for Energy Efficient Telecommunications (CETT), ces technologies, y compris les services dans le cloud , produiraient 830 millions de tonnes de C02 chaque année. C’est plus que les 733 millions de tonnes que l’on attribue à la France en 2014. De quoi hésiter à renoncer à des allers-retours Paris-New York. Cela correspond à deux fois l’empreinte carbone des actions et destructions militaires américaines en Irak de 2003 à 2008. C’est l’équivalent de ce qu’émettent annuellement en dioxyde de carbone, les 16 000 avions commerciaux à réacteurs en activité dans le monde – sans compter l’aviation militaire qui consomme un quart de la consommation mondiale de kérosène. Messieurs les délégués de la COP21, à vos calculettes !
Déterminer la consommation énergétique exacte de ces infrastructures numériques…, même le gouvernement américain reconnaît qu’il n’y parvient pas. D’ailleurs, les chiffres sont biaisés. Ils ne concernent que la phase d’usage et non la phase de fabrication, obsolescence programmée comprise, qui favorise ce délire de la comm. Ils zappent les déchets, y compris les 200 et quelques câbles sous-marins, dont la durée de vie est de 25 ans. Ce câblage va-t-il se poursuivre ? Oui, il est prévu de le coupler à un réseau de capteurs capables d’assurer la surveillance de …l’environnement.
Parmi les flop Ten de Cop 21, il n’y aura pas de manifs en décembre contre la Bande des Quatre.