Si les militaires ne sont pas capables de faire la pluie et le beau temps, l'envie ne leur a pas échappé. Dès les années 50, l'option qui va être retenue concerne les possibilités de modifier le temps plutôt que le climat. Eh oui, les militaires n'ont pas attendu que des environnementalistes se soucient du réchauffement climatique pour s'intéresser et de très près à l'environnement. Avec la volonté, la prétention de mettre l'environnement au pas, au service de la guerre.
Aux États-Unis, l'Agence en charge de la météo abonde en ressources humaines. En 1965, le budget météo du département de la Défense atteint 200 millions (U$), soit un pactole qui dépasse celui de tout autre agence gouvernementale. Par réalisme, plutôt que par manque d'ambition. D'ailleurs, les deux notions peuvent se rejoindre. En 1958, le chef de la recherche météorologique au United States Weather Bureau fait allusion dans un article de Science à l'utilisation d'explosifs nucléaires dans le but de réchauffer le climat arctique via la création de nuages glacés réfléchissant les radiations infrarouges (infrared reflecting ice clouds).
A la même époque environ, les Soviétiques n'ont pas l'intention de se faire distancer. Leurs scientifiques proposent alors l'injection d'aérosols métalliques dans des orbites pas trop éloignées de la Terre afin de former des anneaux à l'image des anneaux de Saturne ; avec pour objectif ultime de chauffer et d'illuminer le Nord de la Russie tout en faisant de l'ombre aux régions équatoriales,
Si la Chine n'annonce la mise en place d'un très officiel Bureau de modification du temps qu'en l'an 2000, il y a tout lieu de croire que le sujet ne leur a pas échappé auparavant . Les premières recherches remontent à 1958. L'Agence météorologique chinoise emploie officiellement 37.000 personnes ; parmi elles, plus de 10.000 seraient chargées d'ensemencer les nuages en tirant des fusées ou des obus remplis d'iodure d'argent. Une trentaine d'avions sont alloués à ce bureau. Les observateurs ont retenu l'an 2000 car c'est à cette époque que le chef du parti communiste chinois Jiang Zemin s'est déclaré impressionné par la façon dont les Russes avaient provoqué la pluie pour célébrer l'anniversaire de la victoire sur le nazisme. Il avait promis que les Chinois feraient aussi bien lors des Jeux Olympiques de Pékin.
Bidouilleurs de l'atmosphère depuis une centaine d'années, depuis 1840 aux États-Unis, les militaires ont avancé avec plus ou moins de succès pour apprivoiser ce qui pouvait, naturellement, leur échapper. La dispersion du brouillard est la première application militaire d'une manipulation délibérée d'un phénomène naturel. Au fil du temps (sic), ils vont devenir des saboteurs de l'atmosphère. L'environnement, ils s'en soucient donc, et pas forcément pour le protéger, le préserver mais plutôt pour s'en rendre maître, s'en affranchir, lui ôter surtout son caractère imprévisible. Ainsi, dans les opérations menées par la US Air Force au Vietnam, la dioxine épandue avec des avions C-123 Provider est allée de concert avec la devise affichée par la US Air Force Only we can prevent forests (Nous sommes les seuls à pouvoir interdire les forêts, cité par Robin Clarke dans 'La course à la mort' , Paris, Seuil 1972
L'opération Popeye, déclencheur d'ENMOD
En pleine guerre du Vietnam, les militaires ne se privent pas de mettre en application leur savoir sur le terrain: d'où l'Opération Popeye. L'iodure d'argent mis au point par ou pour le Pentagone, avait pour objectif de provoquer des pluies torrentielles, d'allonger la saison de la mousson et de rendre impraticable la piste Ho Chi-Minh ; en clair, ralentir la progression des troupes nord-vietnamiennes. Dès 1972, les instigateurs, en vue de minimiser le scandale et non les dégâts, affirment comme pour se dédouaner qu'il vaut mieux être mouillés que bombardés ; à en croire les propos du sénateur de Rhode Island, il vaut mieux se prendre des gouttes de pluie qu'un tapis de bombes sur la tête (cf: édito au journal Providence Journal Bulletin en 1975). Toujours est-il que l'Opération Popeye, ce fut 2300 missions-pluies menées sur Ho Chi Minh par l'escadron 54 de reconnaissance météo. La mise en application de cette technique va durer sept ans et coûter 21,6 millions de dollars. Avec les aveux du Pentagone qui font suite aux débats houleux au Congrès, les élites autour du président Johnson échapperont de justesse à ce Watergate de la guerre météo.
De Popeye à ENMOD
Si la US Air Force n'a pas été capable d'évaluer l'impact réel de ces missions, la dénonciation de l'opération aura eu le mérite de déclencher une initiative d'envergure : la mise au point de la Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (1976) surnommée Convention ENMOD, abréviation de ENvironmental MODification. Elle entre en vigueur dès le mois d'octobre 1978. La signature par les États-Unis va ralentir les projets du Pentagone puisque les modifications proscrites comprennent à la fois les conditions atmosphériques, les courants océaniques, la couche d'ozone et l'ionosphère, ou des phénomènes comme les tremblements de terre, les tsunamis.
Cette convention est limitée dans son champ d'application : les recherches (en cours) ne sont pas interdites. En outre, elle ne prend pas en compte les options dont le caractère ne serait pas sciemment hostile, ce qui laisse à penser que des modifications à caractère pacifique – comme les tentatives en matière de géo-ingénierie qui ne relèvent pas officiellement d'intention hostile' – ne sont pas couvertes par le traité.
Maîtriser la météo en 2025
Quelle que soit la valeur qu'on accorde aux règles de conduite érigées par ENMOD, les États-Unis ne vont pas renoncer pour autant à l'Environmental warfare, et le contrôle atmosphérique – déjà préconisé en 1960, dans la perspective de briser les équilibres (fragiles) d'un écosystème par exemple. En guise d'illustration, le rapport publié en 1996 par la US Air Force intitulé 'La météo comme force multiplicatrice : Maîtriser la météo en 2025'. Les auteurs insistent sur le fait que le temps peut représenter un champ de bataille d'une importance 'telle que nous ne pouvons encore le concevoir'. Ils dissertent sur les meilleurs moyens de contrecarrer les plans de guerre de l'ennemi en déclenchant une tempête, ou une sécheresse, ou encore en supprimant l'approvisionnement en eau potable.Modifier le climat offre une ribambelle d'options pour vaincre ou mater un adversaire, une panoplie d'armes plus offensives que défensives, y compris la possibilité de déclencher une inondation, un ouragan, une sécheresse, la foudre, un tremblement de terre. Mais peut-on diriger des ouragans sur une cible ? Le géophysicien qui dirige l'Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève José Achache, répond par la négative, mais ajoute qu''il est théoriquement possible de les intensifier en augmentant les différentiels thermiques par des transferts de chaleur colossaux à la surface de l'océan et de les diriger en agissant sur les vents dominants à moyenne altitude'. Et la foudre ? 'Nous savons créer des précurseurs de la foudre en ionisant l'air dans un ciel d'orage à l'aide d'un laser mobile, explique Jérôme Kasparian, de l'Université de Genève. Mais il faudrait un laser très puissant pour parvenir à obtenir la foudre. L'attirer ou l'éloigner de sites sensibles est également faisable'. Ainsi peut-on imaginer des options aussi variées qu'étendues pour modifier des conditions atmosphériques -nuages, précipitations, cyclones et tornades-, modifier et perturber les conditions climatiques, bouleverser l'équilibre écologique d'une région, provoquer tremblements de terre, tsunamis, dompter les courants océaniques, ou porter atteinte à l'état de la couche d'ozone ou de l'ionosphère. Si ces options font tilt, au-delà de la valeur dissuasive qu'on voudra leur attribuer, c'est en raison de l'atout que représente l'assurance de leur discrétion. En effet, un acteur (Etat ou organisation non-étatique) possédant une technologie supérieure en matière de manipulation du 'milieu environnant', pourrait porter des coups à un adversaire sans jamais signer ses intentions belliqueuses. Sans avoir à se justifier, et donc, en misant sur l'absence éventuelle de représailles. C'est là que réside l'atout majeur des conflits à dominance environnementale. Les opérations pourraient être menées clandestinement, attribués aux caprices de la nature ! Des guerres discrètes qui n'auraient pas besoin d'être déclarées, et surtout pas besoin de s'afficher comme telles.
La recherche militaire, face cachée de la géo-ingéniérie
En 1957, la commission qui conseille le président des Etats-Unis en matière météorologique reconnaît explicitement le potentiel militaire des modifications météorologiques. Dans son rapport, elle note que ceci pourrait devenir une arme 'plus importante que l'arme nucléaire' qui, à l'époque, est considérée comme l'arme absolue, l'arme suprême. Cette comparaison et ce rapprochement perdurent. Le rapport commandé par le Pentagone en 2003 et intitulé Imaginons l'inimaginable, fait écho au mot d'ordre 'Penser l'impensable', une expression, que le stratège Herman Kahn a rendue célèbre. Certes, le nucléaire appartient à une catégorie à part, parmi les armes de destruction de masse (ADM), sigle aujourd'hui remplacé par NRBC, (le 'R' pour arme Radiologique). Mais pourquoi les armes capables de bouleverser la nature ne rentreraient-elles pas dans la catégorie des Armes de destruction de masse ? Au regard de leurs effets à long terme ? That is a question ; et c'est la question posée dès 1968 par Gordon MacDonald, directeur adjoint de l'institut de Géophysique planétaire à la University of California, à Los Angeles. Le mathématicien John Von Neumann qui, dès les années 40, démarre ses recherches sur les modifications météorologiques en collaboration avec le département (US) de la Défense, entrevoit déjà les perspectives inimaginables, impensables, de la guerre climatique. En 1956, il déclare sous forme d'avertissement que les dangers de maîtrise globale du climat sont plus graves que ceux liés à la prolifération nucléaire. Alors même que le concept de la guerre géophysique ou météorologique n'en est qu'à ses débuts.
Comme pour l'arme nucléaire, il existe une volonté d'innocenter les recherches en estimant que la technologie, si neutre par définition (?), peut éventuellement servir des causes nobles. Certains ont vanté les possibilités du recours aux explosions nucléaires pour mener à bien de grands chantiers civils. A partir de 1957, le projet Plowshare de l'Atomic Energy Committee (des Etats-Unis) prévoit de mettre l'explosif nucléaire à la disposition des ingénieurs du génie civil ; C'est alors que sont conçus le percement d'un nouveau canal de Panama, et le projet Chariot d'un port en Alaska, beaucoup plus contestable encore et rejeté in extremis. Un discours similaire et une tonalité du même genre est aujourd'hui perceptible quand il s'agit de modifications météorologiques. Après tout, nombreux sont les États au Nord comme au Sud qui bénéficient d'une pluviométrie améliorée grâce aux techniques mises au point lors de l'opération Popeye !
Essais nucléaires et tremblements de terre
Les capacités de perturber la nature ont bénéficié des expérimentations nucléaires. Le meilleur exemple a trait aux tremblements de terre. Au départ, comme l'affirme le géophysicien José Achache, qui dirige à Genève le Group on Earth Observations ou GEO, une organisation internationale en charge de la mise en réseau des systèmes d'observations de la Terre, 'la capacité de déclencher des tremblements de terre terrifiait'. Mais cette vision qui aurait pu relever de la science-fiction, s'est affinée au fil des années. La diplomatie atomique a joué son rôle d'éclaircissement : les Soviétiques n'ont pas caché, dans les négociations pour l'interdiction des essais nucléaires souterrains, qu'ils étaient capables de tromper les sismologues. Les accidents, tel que l'essai nucléaire français dans la zone de l'atoll de Morurua, du 25 juillet 1979 et les observations de l'observatoire sismologique de Rarotonga ont permis d'y voir plus clair sur les liens de cause à effet entre des explosions et l'émergence de tsunamis. Interrogé sur les liens plausibles entre essais nucléaires et les tremblements de terre, José Acache déclare aujourd'hui une explosion nucléaire ciblant une zone de faille à la limite de la rupture peut sans doute créer un séisme, en ajoutant : 'mais ce serait difficile à réaliser' . Vraiment ? Cela fait près de 40 ans que la libération de tensions tectoniques par explosions nucléaires souterraines a été étudiée par F. Press et C. Archambeau et publiée dans le Journal of Geophysical Research dès 1962.
Cette connivence entre la recherche nucléaire – qui joue un rôle important dans la militarisation de l'espace - et la recherche en matière de guerre géophysique est toujours d'actualité. On ne s'étonnera donc pas qu'un savant comme Edward Teller, l'un des artisans du projet Manhattan, (un projet qui mobilisa 130.000 personnes et coûta l'équivalent de 28 milliards de dollars d'aujourd'hui), l'un des pères de la bombe H, l'instigateur du bouclier spatial antimissile, est l'un des premiers scientifiques de renom à prôner l'usage de la géo-ingénierie. Il le fait dès 2007 dans le Wall Street Journal en écrivant The planet needs a sunscreen. Il y préconise l'envoi de particules réfléchissantes - soufre, aluminium - dans la stratosphère pour combattre le réchauffement planétaire. On retrouve ces idées un 'projet Manhattan bis' dans l'ouvrage Geo-engineering. A climate change Manhattan Project publié par la Princeton University.
Climatiser la planète
Edward Teller ne représente pas une voix isolée, même s'il avait perdu une partie de sa crédibilité au moment où il vantait les mérites de la guerre des étoiles dans les années Reagan. Il a d'ailleurs inspiré le réalisateur Stanley Kubrick et son personnage dans Dr. Strangelove (Docteur Folamour). L'idée d'agir de façon artificielle sur la température de la planète, à l'instar des volcans (l'effet Pinatubo), ou d'augmenter de façon tout aussi artificielle la capacité des océans à dissoudre le C02 atmosphérique, ou de bloquer les rayons du soleil en injectant des gaz dans la stratosphère, tout cela fait partie du débat autour de cet anglicisme qu'est la géo-ingénierie. Tous ses partisans, obnubilés par la technologie (technology fix), avides de climatiser la planète, réceptifs à toutes les manipulations technologiques capables d'influer sur les écosystèmes, ne manquent pas d'imagination. Parmi leurs propositions : Capter et séquestrer le gaz carbonique avant qu'il soit libéré dans l'atmosphère. Voiler la stratosphère avec des aérosols massifs d'aluminium ou de souffre pour contenir le rayonnement solaire ; fertiliser les océans avec du fer pour développer des masses gigantesques de plancton végétal. Blanchir les nuages ou installer en orbite une ceinture de 55.000 satellites miroirs de 100m² qu'on pourrait orienter à sa guise. ( !?).
Toutefois, parmi les 20 bonnes raisons pour se méfier de la géo-ingénierie, il y en a aux moins 2 qui ont trait à la convention ENMOD. Alan Robock l'a explicité dans le numéro de mai 2008 du Bulletin of Atomic Scientists , la revue des scientifiques américains qui, à partir l'appel Russel-Einstein ont créé le Pugwash Conferences on Science and World Affairs, ensuite surnommé Pugwash tout court.
Si l'on se réfère au projet, pas du tout irréaliste, de recouvrir les déserts d'une bâche blanche, il est nécessaire d'ajouter que les écosystèmes désertiques, soit 2 % de la surface du globe, vont disparaître. Mais, plus grave encore, ce revêtement bricolé (et hors de prix) risque de perturber à large échelle la structure de la circulation atmosphérique, dont la mousson venue d'Afrique de l'Est qui apporte la pluie en Afrique sub-saharienne. Or, la Déclaration de Stockholm de 1972, celle de Rio en 1992, avant même les textes de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CNUCC), font obligation aux États d'agir 'afin que les activités se déroulant au sein de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommages à l'environnement des autres États ou étendues voisines à leur espace national'. Alors, comment en est-on arrivé là ?
ENMOD, un sacré tabou
La guerre climatique qui menace l'humanité ou du moins ses capacités de survie sur la planète Terre a été squeezée, écartée des rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Est-ce parce que les climatologues, océanologues, météorologues sont indifférents aux questions militaires ? Rien ne permet d'étayer cette thèse. En tout cas, la question des modifications de l'environnement – dans un but hostile ou pacifique - n'a jamais été évoquée dans le cadre des sommets sur le climat sous l'égide de l'ONU. Les applications militaires sous-jacentes de tout ce processus de réductions de l'effet de serre, d'atténuation des perturbations climatiques, ne font ni l'objet d'une analyse politique ni de recherches sur le plan scientifique dans les milliers de pages de ces rapports et documents qui reposent sur l'expertise et la contribution intellectuelle de près de 2.555 experts, et environnementalistes. Ce qui n'a pas empêché le GIEC de recevoir (conjointement avec Al Gore) le Prix Nobel de la Paix 2007. Quel sérieux peut-on accorder à ces études, quel crédit peut-on accorder à leurs propositions si elles ne tiennent pas compte des modifications délibérées de l'environnement ? Une partie de la réponse réside dans la façon dont les artisans du Protocole de Kyoto se sont gardés d'interférer dans les activités militaires. L'accord de Kyoto a évincé les enjeux militaires, même s'il est de notoriété publique que les activités militaires sont responsables en grande partie des causes des perturbations climatiques. La presse britannique rappelle que le ministère de la défense (MOD) est responsable de 70 % de toutes les émissions de dioxine de carbone émises par l'État Le Pentagone est l'une des plus grandes émettrices de CO² dans le monde. Ce secret de polichinelle n'est pourtant pas au menu des discussions. Les débats se poursuivent tandis que le principal concerné figure aux abonnés absents. Parmi les vérités qui dérangent, pour reprendre une expression chère à Al Gore, figure certainement l'empreinte écologique des forces armées et des systèmes d'armes.
Au niveau de l'U.E., les mêmes vérités doivent déranger tout autant. En effet, lorsque la Commission (juin 2008) édicte des règles pour l'aviation, avec un plafonnement des émissions autorisées de C0², elle exclut ipso facto l'aviation militaire, sans expliquer pourquoi celle-ci est exemptée ; et sans que les eurodéputés ne posent la moindre question. Les États-Unis dans ce domaine, ont donné l'exemple. Lors des négociations sur l'accord de Kyoto, Washington a imposé une clause précisant que les opérations militaires qu'ils mèneraient dans le monde entier et celles auxquelles ils participeraient avec l'ONU ou l'OTAN seraient intégralement exemptées de toute obligation de mesure ou de réduction. Dans le rapport annuel 1997 rendu au Congrès par le secrétaire à la Défense de l'époque, William Cohen, on peut lire : Le Département de la Défense - le plus grand consommateur d'énergie aux États-Unis - recommande vivement 'qu'une disposition de ''sécurité nationale'' soit inscrite dans le protocole sur le changement climatique actuellement en négociation'. Depuis, faisant fi des garanties accordées par les artisans de Kyoto, le Congrès américain a adopté une disposition explicite assurant l'exemption totale pour les activités militaires américaines. Dans cette opération d'exemption, les politiques ont trouvé des alliés surprenants : les ONG, censées représenter la 'société civile' : aucune ONG ou presque ne mentionne les activités militaires dans le cadre de l'enjeu climatique ! Les adeptes de l'écologisme se réfèrent pourtant en majorité au rapport Bruntdland de 1987. Or, dans cet ouvrage intitulé 'Notre avenir à Tous', on peut lire : 'La manipulation délibérée de l'environnement (sous formes d'inondations ou de séismes artificiellement provoqués, par exemple) aurait, si jamais on y avait recours, des conséquences s'étendant bien au-delà des frontières des parties à un conflit'. (chapitre 11). Si la dimension militaire semble avoir été zappée, occultée..., ceci n'est pas sans lien avec la convention ENMOD, entrée en vigueur il y a plus de 35 ans. Même s'il n'y a que 85 Etats signataires, (toutes les puissances nucléaires sauf la France et Israël), même si le gouvernement français ne veut pas en entendre parler, même si les Etats parties ne se sont rencontrées que deux fois jusqu'ici, il y a fort à parier qu'elle va revenir sur le devant de la scène. Les risques liés à la géo-ingénierie vont faire en sorte de rendre à ENMOD sa pertinence.