Une étude commandée par la Gauche unitaire européenne (GUE) met en lumière que le secteur militaire est l’angle mort du Pacte Vert. Il reste l’un des secteurs les plus énergivores.
Les auteurs du rapport (50 pages) et grâce à l’expertise du CEOBS, et de Scientists for Global Responsability (SGR), constatent que la France, première puissance militaire de l'U.E. avec un quart des dépenses militaires) contribue à environ un tiers de l'empreinte carbone totale des armées de l'U.E.. Toutefois, les chercheurs n’ont pas été en mesure de trouver des données spécifiques pour les forces armées de la Pologne. Selon l'étude, seules l’Allemagne, la Slovaquie et Chypre fournissent des données qui semblent complètes de leurs émissions et qui sont transmises à la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (UNFCCC) via les rapports nationaux et européen combinés. Par ailleurs, une importante proportion du secteur militaro-industriel (qui représente 2/3 du total des émissions) ne déclare pas publiquement ses émissions. Il existe par ailleurs “peu de signes que les émissions combinées des militaires, de l’industrie et des chaînes d’approvisionnement ont été étudiées”. Et pour cause. Comme le relève le Conflict and Environment Observatory ou CEOBS, peu d'éléments indiquent que les émissions de GES combinées de l'armée, de l'industrie de la technologie militaire et de leurs chaînes d'approvisionnement ont été examinées dans les différents pays de l'UE ou dans l'UE dans son ensemble’.
Selon Olivier le Bussy du quotidien bruxellois ‘La Libre Belgique’ du 23 février 2021 ‘L’argument de la sécurité nationale a bon dos’. Pour la députée espagnole Idoia Villanueva (GUE/ Podemos), cet argument "ne peut plus servir de prétexte pour cacher des données sur l'impact de l’industrie militaire sur l’environnement”.
Un effort mal partagé
Le secteur militaire participe-t-il comme il se doit à “l’effort de guerre climatique” (expression attribuée à Nicolas Hulot ) ? Il ne figure pas dans la liste des secteurs repris dans le EU Report Mechanism Regulation, qui rassemble les chiffres nationaux d’émissions pour permettre à l’UE de donner ses chiffres à l’ONU en tant qu’entité unique. Il n’est pas non plus repris dans la législation sur le partage de l’effort qui fixe les objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) des États membres incluant les secteurs non couverts par le système ETS d’échange de quotas, tels que l’agriculture, la construction, les déchets et les transports. Les auteurs de l’étude le déplorent, soulignant que cela pourrait avoir un impact sur les infrastructures, les équipements et les opérations militaires. En effet, les exigences européennes en matière d’efficacité pour les produits, les services et les bâtiments ne s’appliquent pas automatiquement aux contrats passés par les États pour les forces armées.
La question climatique échappe-t-elle complètement au radar du politique et de la défense? Le Service Européen d’Action Extérieure a récemment établi une feuille de route Climat et défense. L’Otan tout comme l’Agence européenne de Défense mettent l’accent sur l’efficacité énergétique, pointant qu’une trop grande dépendance énergétique est source de vulnérabilité. Il manque toutefois la définition d’objectifs de réduction pour le secteur militaire, tant en matière de réduction d’émissions que d’utilisation des énergies renouvelables.
B.C.