Destructions durables

Portes ouvertes sur Eurosatory

lord-of-warLe salon Eurosatory à Villepinte vaut le détour.

 

En l'espace de 3 jours, il est capable d'attirer 54.000 visiteurs de 130 nations, en rassemblant tout le gratin de la défense et de la sécurité. Le citoyen lambda qui débarque à la station Villepinte, est vite rejoint par l'actualité : « Nous renforçons l'Ukraine » peut-on lire sur l'un des premiers stands. Les Japonais sont de la fête. La Constitution du pays autorise depuis peu les entreprises à exporter du matos de guerre ; les restrictions d'hier sont has been. Au carnaval des armes, où s'exhibent de drones de machines, « le succès du client est notre mission », rappelle la pub de Raytheon qui jouxte le matos-phare de nos conflits 'asymétriques', le missile israélien 'Fire and Forget'.
Dans sa 22ème édition, de nouveaux acteurs ont fait leur apparition. Parmi eux, les Argentins. Si les 5000 kilomètres de frontières terrestres doivent être équipés de radars tout le long, comme le voudrait le gouvernement de Buenos Aires, ça va se bousculer pour empocher le contrat. Une aubaine pour l'emploi des marchands de robots dits 'intelligents', de caméras de surveillance en provenance d'Estonie ou d'ailleurs.
Fait nouveau : La sécurité civile s'est invitée au spectacle. Le client à la fibre humanitaire peut contempler un hôpital de campagnes pour 2000 blessés qui se monte en moins de 12 heures sur n'importe quel théâtre (d'opération), ou s'équiper d'ambulances blindées, ou réclamer le dernier gadget dans la technologie de déminage ; en regrettant au passage que le marketing ne touche pas Handicap International.
Ces Salons se suivent et se ressemblent. Euronaval à Paris est prévu pour novembre. En décembre, c'est au tour du Salon de Karachi que les Pakistanais surnomment avec beaucoup d'humour « arms for peace ». Encore un festival qui ne risque pas d'être décommandé.

Ben Cramer
(pour Charlie-Hebdo)